Des « restanques » (terrasses soutenues par des murs de soutènement en pierre sèche) aux cabanes en pierre sèche (ailleurs appelée bories), en passant par les calades (sentiers pavés) et les aménagements liés à l’eau, les savoir-faire de la pierre sèche marquent les paysages des Préalpes d’azur.
Pourtant, ce patrimoine est aujourd’hui en grande partie ruiné ou délaissé. Pourquoi et comment préserver, redonner un usage à ce patrimoine aujourd’hui reconnu au titre du patrimoine immatériel de l’UNESCO à travers plusieurs pays dans le monde ? Le Parc a organisé le Jeudi 9 Décembre 2021 la journée transversale de la pierre sèche pour amorcer les premières réponses.
Membres de la Fédération Française de la Pierre Sèche (FFPS), muraillers (artisans de la pierre sèche), techniciens, représentants des collectivités publiques, passionnés du patrimoine de la pierre sèche, membres de fondations privées ont répondu présent, et travaillé sur 4 axes.
Cet atelier avait pour but de mettre en lumière les opportunités et les leviers concrets de développement de cette filière sur notre territoire (formation professionnelle, approvisionnement, mécanismes fiscaux, sensibilisation etc.), tout en identifiant les éventuels blocages et difficultés des professionnels.
Contenu des échanges :

- La pierre sèche est déjà économiquement compétitive sur notre territoire. Les muraillers peinent même à répondre aux commandes, car ils sont en sous-effectif sur le territoire.
Un des leviers principaux identifiés est donc la formation locale de nouveaux professionnels : la main d’œuvre est actuellement le premier facteur limitant au développement de la pierre sèche sur notre territoire.
Depuis la réunion, le Parc a commencé ses échanges avec la Région Sud et différentes structures du Var et des Alpes Maritimes pour promouvoir le métier de murailler auprès des jeunes et des lycéens, et pour réfléchir à la mise en place d’une offre de formation sur nos territoires.
- L’approvisionnement en pierre est difficile.
La mise en place d’un système de tri de pierre dans les carrières, d’un stock de pierre centralisé, permettrait un approvisionnement plus simple et moins chronophage.
- Enfin d’un point de vue de la maîtrise d’ouvrage, un levier d’action intéressant pour faire diminuer les prix de revient à destination des privés serait la mise en place de déductions d’impôts via la fondation du patrimoine.
Un tel système pourrait être mis en place avec la médiation de la fondation du patrimoine.
Cet atelier avait pour objectif d’évaluer le niveau de connaissance de ce patrimoine et de dégager des éléments d’aide à la décision quant à la faisabilité d’inventaires, grâce au retour d’expériences issus de divers dispositifs localement ou ailleurs en France.
sur les priorités d’inventaire. définir un protocole d’inventaire adapté à notre territoire fondé sur l’état des connaissances et sur les retours d’expériences issus de divers dispositifs (inventaires inscrits au PLU, inventaires scientifiques, participatifs…).
Contenu des échanges :
De nombreux inventaires éparses existent déjà (réalisés par Didier Basset, Michel Gourdon…).
- Un des enjeux est donc de synthétiser la connaissance préexistante, éventuellement via le système d’information territorial du Parc
Trois types de patrimoines liés à la pierre sèche dominent : les aménagements liés à l’agriculture (restanques, aires de battage etc…), et à la culture des plantes à parfum, les aménagements liés à la gestion de l’eau (canaux d’irrigation, puits…) et les aménagements liés à l’élevage (apié, bories, bergeries, enclos…).

- On peut imaginer selon les zones du Parc et leurs histoires, de prioriser un thème ou l’autre ; ainsi tous les traiter en lien avec la possibilité d’une valorisation spécifique et de mesures de protection (par exemple à travers les Plans Locaux d’urbanisme). Il s’agit en effet de différencier les actions pour mobiliser des moyens financiers particulier pour de nouveaux inventaires.
- Le travail réalisé par d’autres Parcs naturels Régionaux (Morvan, Pyrénées catalanes…) pourra être pris comme référence pour préciser un protocole d’inventaire efficient.
Cet atelier avait pour objectif d’ébaucher les ambitions du programme d’ateliers pédagogiques des années à venir.
Contenu des échanges :
A ce jour, les chantiers pédagogiques d’une journée pour 10 personnes sont retenus comme des outils de médiation efficace à destination du grand public. Mais ils sont insuffisants pour transmettre la technique de la pierre sèche.
- La poursuite de journées avec des petits groupes (6/7 personnes max), de personnes ayant déjà une petite expérience manuelle, permet néanmoins de maîtriser en une journée la réparation de petites brèches ; ceci mérite d’être poursuivi
Les acteurs s’accordent sur l’intérêt de proposer des formations sur un temps plus long. Elle peuvent s’envisager avec des communes ayant manifesté leur intérêt, mais aussi des propriétaires privés intéressés à prendre en charge une partie de l’organisation, ou même des universités intéressées etc…
- Il est proposé de travailler au développement d’une offre alternative de chantiers sur plusieurs jours à destination des étudiants et des particuliers, en lien avec la formation professionnelle et l’insertion par le travail.
- Enfin le Conseil d’Architecture d’Urbanisme, de l’Environnement et du Paysage (CAUE06) propose de développer une vidéo tutoriel sur la construction des murs en pierre sèche de A à Z, qui pourrait servir de support aux particuliers auto-constructeurs, viendra utilement appuyer l’ambition du territoire.
Porté en France par la Fédération des Professionnels de le Pierre sèche (FFPPS), l’inscription à l’UNESCO des savoir-faire de la pierre sèche a eu lieu la même année que celle des savoir-faire du parfum de Grasse en 2018. Ce double classement motive donc à travailler à la revalorisation croisée de ces deux patrimoines culturels immatériels, historiquement étroitement liés..
Contenu des échanges :
Une passerelle entre ces deux inscriptions apparaît logique à la plupart des participants et représentant de ces deux démarches.
- Le « maillon faible » des savoir-faire des parfums grassois réside aujourd’hui dans la filière agricole. Une grande partie des matières premières sont importées ; la demande en fleurs à parfum continue d’être importante sur le territoire, et la filière renaît côté production.
Crédits photo : Greg GERMAIN
Pour concrétiser cette ambition, un groupe de travail restreint sera mis en place par la FFPPS et le Pays de Grasse entre les deux entités qui animent ces Patrimoine Culturel Immatériels.
- Les participants s’accordent sur le besoin de soutenir et d’accompagner prioritairement les projets de remise en culture de restanques pour les plantes à parfum.
Pour cela, une première journée de terrain partagée est envisagée. Elle valorisera des terrains cultivés pour la plante à parfum avec un patrimoine de pierre sèche notable.
Fidèle à son mode de travail, le Parc agit comme un fédérateur des volontés des différents protagonistes du sujet. Robin Gra, chargé de projet au Parc, est missionné pour accompagner la suite. Il rédige la structure d’un plan d’actions avec plusieurs porteurs de projets différents ; évalue avec eux les besoins de financement et le travail restant à accomplir ; dresse en parallèle la liste des solutions de financements envisageables. A partir de cette matière le comité partenarial arbitrera la faisabilité, les priorités et la temporalité du programme.