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De nombreux Parcs naturels régionaux font partie de ces territoires d’élevage et de tradition ovine. Dans un contexte de transition écologique et économique, les Parcs, en collaboration avec des acteurs historiques de la filière laine, se mobilisent pour redonner ses lettres de noblesse à un matériau oublié.
Forts de leur capacité d’expérimentation et de coopération, les Parcs accompagnent les acteurs de leurs territoires depuis les producteurs, qui cherchent à valoriser les matériaux qu’ils produisent, jusqu’aux transformateurs qui innovent dans les domaines de l’écoconstruction, du textile ou encore de l’agriculture (CF Président de la Fédération des Parcs naturels)
Au cœur de l’AOP Roquefort, le territoire du Sud Aveyron se caractérise par une économie agricole. On recense près d’un million de brebis, soit un gisement potentiel de 1 000T de laine brute/an – dont la grande majorité située sur le territoire des Grands Causses.
Emblématique du territoire et multiples par les enjeux qu’elle recouvre (économique, patrimonial, biodiversité, paysage…), la filière ovine, et plus spécifiquement la filière laine, est l’une des filières ciblées par la stratégie territoriale en matière d’économie circulaire portée par le PNR. Elle contribue par ailleurs à l’attractivité du territoire au travers de la valorisation du patrimoine immatériel du territoire.
Le PNR accompagne son développement en :
- Animation d’un réseau d’acteurs territoriaux impliqués dans la valorisation de la laine à différents maillons de la chaine de valorisation : éleveurs, transformateurs, artisans…
Deux réunions (organisées en mars et septembre 2023) ont permis de rassembler une quinzaine d’acteurs aux profils variés. Les objectifs sont multiples : interconnaissance, mise en réseau, identification des besoins individuels et collectifs avec appui à l’acquisition des compétences et in fine la structuration de la filière laine à l’échelle territoriale. L’ADEFPAT a été sollicité pour accompagner le PNR et les acteurs dans cette réflexion.
- Accompagnement au développement d’outils structurant locaux pour la filière tels que le développement de la Filature Colbert (production paillage, isolant à base de laine locale).
Alors que la commercialisation se développe sur le volet paillage, elle est fortement contrainte sur le volet isolation. Règlementairement, l’obtention de certifications type ATEX, avis technique, ACERMI, FDES… ne sont pas obligatoires pour la mise sur le marché des produits isolant à destination du bâtiment. Pour autant, en 1er lieu l’avis technique et l’ATEX qui le précède sont fortement recommandés afin d’apporter des garanties minimales sur les chantiers.
Conscient que cette caractérisation contribuera au développement de l’activité de la Filature, le PNR GC mobilise ses équipes pour accompagner techniquement et financièrement la structure. Au-delà de la procédure de caractérisation, un accompagnement stratégique a été porté par le PNR. L’audit réalisé a permis d’identifier des orientations stratégiques à court et moyen termes pour la société.
Depuis fin 2021, le Parc est pleinement engagé dans la relance de la filière laine locale en s’appuyant sur 4 volets:
– « mobilisation et formations des professionnels » s’est traduit en 2022 par l’organisation d’une première session de formation sur le « tri et la valorisation de la laine » sur 2 jours en septembre. Cette formation, divisée en une partie théorique en salle et une partie pratique en bergerie, a réuni une dizaine de professionnels.
– « expérimentation et innovation » se divise en deux actions :
– la création d’un fil de laine du territoire à partir de mélanges de fils avec des laines de Causses du Lot, Alpaga, Mohair et Mérinos ;
– la production d’isolant vrac à partir de laine Causses du Lot, dont le procédé de fabrication a été élaboré et mis en œuvre pour un lot test qui sera utilisé sur chantier en 2023.
– « connaissance » consiste en une étude sur les caractéristiques de la fibre de la laine de la race Causses du Lot en partenariat avec Ovilot, la Bergerie Nationale de Rambouillet et un chercheur honoraire de l’INRA spécialisé en fibre animale. Ainsi, les fibres de 116 béliers reproducteurs ont été prélevées afin d’analyser des paramètres comme la longueur, la finesse et les variabilités dans la population. Ce travail permettra de poser des bases de réflexion sur une prise en compte du caractère lainier dans la sélection.
– « coopération locale et régionale » a permis au Parc d’accompagner l’association la Caussenarde dans sa valorisation lainière, de rencontrer et d’interroger les différents professionnels du territoire sur leurs besoins et attentes.
Dans le cadre de son projet de coopération LEADER pour la valorisation des laines locales, le PNR des Pyrénées Ariégeoises a contribué à :
- La mobilisation et la fédération d’un réseau d’acteurs de la laine à l’échelle locale et pyrénéenne :
A travers la participation aux voyages d’étude de la coopération, l’organisation d’une journée d’apports de connaissances, de témoignages et de réflexions sur la valorisation de la laine du 30 novembre 2023. Ces actions ont été menées en partenariat avec l’Agence des Pyrénées, l’ACAP (Assemblée des Chambres d’Agriculture des Pyrénées) et le PETR de l’Ariège.
- La valorisation d’initiatives collectives de valorisation des laines locales, et à leur volet pédagogique : Guinguette de la laine à Alas, Fête de la laine à Montbrun Bocage organisée par Atout Laine, exposition « Le chemin de la laine » par l’association Pyrénées Fils et Laines à Saint Girons.
- L’accompagnement d’expérimentations visant à favoriser l’usage des laines locales :évaluation des caractéristiques lainières des races ovines des Pyrénées – expérimentation du protocole sur la race Tarasconnaise, menée avec Atelier laines d’Europe, l’ACAP, Laines Paysannes et Dormilaine ; expérimentation de réalisation d’un revêtement mural acoustique à base de laines locales de « seconde catégorie » avec Laines Paysannes ; expérimentation d’un prototype de séchoir de laine à la Filature de Niaux permettant réduction de la facture énergétique, accélération du processus de séchage, amélioration de la qualité de la laine séchée.
Le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale travaille actuellement sur la transformation de la laine de mouton en isolant pour les bâtiments. Le but ? Créer une filière économique locale viable capable de générer de nouveaux revenus pour les agriculteurs locaux.
Stockée dans un hangar, enterrée dans une pâture … La laine de nos moutons d’élevage connait actuellement un triste sort. Faute d’outil artisanal ou industriel pour la filer ou la tisser, les agriculteurs restent souvent avec la laine de mouton sur les bras, comme un vulgaire déchet.
Pourtant, ce matériau, connu depuis des siècles pour ses capacités d’isolation contre le froid, pourrait facilement apporter aux éleveurs une nouvelle source de revenus. C’est en tout cas la réflexion portée par le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale. Depuis 2023, avec ses partenaires, il mène une étude en recherche et développement pour faire de la laine de mouton un isolant naturel pour les bâtiments.
Il faut dire que les Caps et Marais d’Opale ne sont pas à leur coup d’essai. Depuis des années, le Parc naturel régional travaille à la popularisation des matériaux d’origine naturelle pour le bâtiment. Fibres de coton, de chanvre, de lin sont mises à contribution. Et chaque année, une grande commande groupée de matériaux biosourcés est proposée aux habitants qui souhaitent rénover leur habitation de manière écologique.
Avec la laine de mouton, le Parc naturel régional va donc encore plus loin. L’idée est non seulement de produire de nouveaux matériaux pour le bâtiment mais aussi de soutenir le monde agricole. En effet, l’idée est de créer, à l’échelon régional, une filière économiquement structurée et viable de production d’isolants ou de produits écologiques pour le bâtiment, à base de laine de mouton.
Des premiers prototypes encourageants
Grâce au soutien financier de la Région Hauts-de-France, de l’Ademe et de la Dreal, deux bureaux d’études (Karibati et le FRD-Codem) ont été engagés afin d’accompagner les éleveurs dans la démarche et de mener les phases d’études. Deux prototypes seront donc testés durant l’année 2024 : un feutre acoustique (100 % laine) et un isolant composé de laine (20 à 30 %) et d’autres fibres comme le lin, le chanvre ou le coton recyclé. Une bonne nouvelle pour les cultivateurs, qui pourront donc aussi tirer leur épingle du jeu dans cette aventure.
Les prototypes seront fabriqués au Centre européen des textiles innovants, avec l’appui du FRD-Codem, afin d’obtenir des échantillons calibrés. Suivra ensuite toute une batterie de tests : thermique, hygrométrique, acoustique, etc. Il est également prévu d’évaluer l’impact carbone du produit développé, comme le veut la nouvelle réglementation énergétique 2020. Le prototype final devrait être prêt pour septembre 2024. D’autres paramétrages seront ensuite à réaliser afin d’optimiser les performances du produit.
Et les agriculteurs dans tout cela ?
Les prototypes déjà en main, ils travaillent activement sur le projet. Accompagnés par le Parc naturel régional et le bureau d’études Karibati, ils étudient sérieusement quelle structure peut porter le projet pour qu’il soit viable économiquement et solide juridiquement. Parce qu’à la fin de l’aventure, cette filière économique, ce ne sera pas celle du Parc, mais bien celle des agriculteurs locaux !
Cette page peut être complétée sur demande par tout Parc Naturel Régional